Une journée, trois ateliers
Le webséminaire aura lieu le jeudi 30 avril 2020, de 8h45 à 17h.
Programme prévisionnel :
8h45 : Ouverture de la plateforme
9h00 : Introduction des rencontres par la Présidente de RNF accompagnée par des interventions de personnalités
9h30 : Sessions thématiques en ateliers entrecoupées de pauses ludiques conviviales et de témoignages : échanges d’expérience, débats, réflexions sur 3 thématiques autour des incidences positives et négatives de la pandémie et de ses conséquences en atelier de 90 mn
Atelier thématique 1 : « Connaissance, protection, gestion de la nature au cœur de la vie des territoires »
Atelier thématique 2 : « Mobilisation des citoyens par l’accueil du public, la sensibilisation et l’éducation à la nature : éveiller les consciences de chaque citoyen en tant qu’acteur de la transformation de la société – la solidarité, santé »
12h50 : Pause déjeuner chez soi
14h00 : Pause ludique et témoignages vidéos
14h15 : Sessions thématiques (suite et fin) :
Atelier thématique 3 : « La transformation de l’économie des territoires : comment démultiplier l’accompagnement des secteurs économiques de l’agriculture, forestier, touristique… dans et autour des réserves naturelles »
15h45 : Pause ludique conviviale et témoignages vidéos
16h00 : Vers une accélération de la transformation des territoires par la mobilisation des citoyens pour une société écologique, sociale et solidaire.
Les résultats des réflexions issues de cette première rencontre virtuelle seront synthétisés et partagés avec les membres et partenaires du réseau. Ils seront transmis aux décideurs locaux, régionaux et nationaux.
L’objectif sera de produire un plaidoyer qui précisera la vision du réseau pour la société, les modalités de transformation de la vie dans les territoires en matière sociale, pour la santé des citoyens, économiques et environnementales.
Enfin, lister dix propositions pour les Réserves naturelles et la transformation des territoires au sortir de la crise actuelle.
Atelier 1: connaissance et protection du patrimoine naturel
Les missions de connaissance, de gestion et de surveillance du patrimoine naturel sont au cœur de l’activité des gestionnaires de réserves naturelles. La grande majorité des salarié.es au sein du réseau réalise des activités multiples de suivi scientifique, d’études, de protection des habitats et des espèces, de restauration, de surveillance.
Les moyens dédiés sont limités et ne peuvent pas permettre de réaliser les missions dans des conditions optimales, en particulier en termes de connaissance. La crise sanitaire actuelle et le confinement national a pour effet de fortement limiter les actions de terrain, dans une période où la nature est au plus fort de son activité.
Un autre effet remarqué mais non encore clairement mesuré et avéré s’entrevoie sur les espèces animales en particulier qui, du fait d’une diminution de la fréquentation humaine dans les réserves naturelles, sont moins dérangées. Enfin, au-delà des effets de la période de confinement qui exige à chaque gestionnaire de s’adapter en conséquence – en particulier pour les activités de suivi scientifique, de gestion et de surveillance – l’après-crise ouvre le champs de risques et d’opportunités, qu’il conviendra soit de limiter soit de saisir.
La Stratégie des Aires protégées 2030 et le plan de relance du gouvernement en cours d’élaboration est une occasion à saisir pour faire valoir la vision des gestionnaires de réserves naturelles, en particulier en matière de connaissance, de protection, gestion et surveillance. Il s’agit notamment de parvenir à consolider à minima les emplois dédiés et les moyens existants pour les activités sur le terrain, et aussi d’imaginer un plan d’investissement ambitieux qui serait nécessaire à mettre en place au sein des réserves naturelles afin de contribuer à la mise en œuvre de la transformation des territoires dans la perspective d’accélérer la transition écologique de la société française.
Ce plan pourrait englober les moyens humains et d’investissements nécessaires pour réaliser des avancées majeures en termes de connaissance (études, collaborations avec le monde de la recherche), de mesures opérationnelles de gestion et de restauration des habitats et des espèces, de surveillance des activités humaines qui seront potentiellement en augmentation dans les réserves naturelles (loisirs, tourisme, activités économiques…). Le travail de réflexion pour le réseau des réserves naturelles pourrait consister à évaluer dans un premier temps les besoins en moyens humains et d’investissements nécessaires pour en construire un plan ambitieux d’accompagnement à l’accélération de la transition écologique dans les territoires.
Atelier 2 : mobilisation des citoyennes et citoyens par l’accueil du public, la sensibilisation et l’éduction à la nature
La mission d’accueil du public, de sensibilisation et d’éducation à la nature est l’une des quatre principales missions proposées aux citoyens par le réseau des gestionnaires de réserves naturelles. Fort de plus d’une centaine de professionnels de l’animation présents dans les territoires ruraux et urbains, plusieurs centaines d’activités sont réalisées tout au long de l’année. Elles concernent annuellement des centaines de milliers d’enfants et d’adultes. La découverte de la nature qui est offerte aux scolaires et autres visiteurs – vivre une expérience de vie avec la nature – trouve par ailleurs tout son intérêt à travers les messages de mobilisation des citoyennes et des citoyens, petits et grands, pour une société qui porte en son cœur la connaissance et la protection de la nature. Cependant, cette mission essentielle est limitée dans son essor dans les territoires faute de moyens financiers suffisamment disponibles. Ces conditions restreignent fortement l’impact du réseau au regard de la mobilisation des citoyens pour une transformation en profondeur de la société française (cadre de la transition écologique).
Le contexte actuel de la crise sanitaire et de ses conséquences économiques, en termes d’activités pour les réserves naturelles soulèvent à la fois de très fortes inquiétudes sur la réalisation à venir de la mission d’accueil du public, de sensibilisation et d’éducation ; et à la fois des opportunités de faire reconnaître cette mission comme essentielle pour la société, pour la mobilisation des citoyennes et des citoyens, et qu’il convient de renforcer, de démultiplier ses impacts grâce à des investissements majeurs. La Stratégie des Aires protégées 2030 et le plan de relance et de transformation des territoires en cours de préparation par le gouvernement devra tenir compte des espaces protégés, en particulier de leur rôle et leur impact en matière de sensibilisation et d’éducation des citoyens. Le réseau des réserves naturelles est invité à réfléchir à l’ambition de son impact à travers une démultiplication et dissémination à plus grande échelle des actions de sensibilisation et d’éducation du public dans les trois prochaines années, pour accélérer la transition écologique dans les territoires. Cette ambition pourrait relever à la fois d’investissements nécessaires en matière d’infrastructures d’accueil du public (rénovation ou construction de maisons de RN, maisons de la nature, sentiers de découverte avec observatoires et autres infrastructures d’accueil…), de petits équipements supplémentaires de sensibilisation et d’éducation, à la fois de consolidation et de création d’emplois d’animatrices et d’animateurs…Elle pourrait s’opérationnaliser à travers la mise en œuvre d’un programme national d’investissement sur trois ans en matière d’accueil, de sensibilisation et d’éducation du public dans les réserves naturelles ayant un impact direct tant en termes de mobilisation citoyenne et aussi en termes d’économie locale à travers la rénovation et la construction d’infrastructures d’accueil.
L’atelier à distance « Mobilisation des citoyennes et citoyens par l’accueil du public, la sensibilisation et l’éduction à la nature dans les réserves naturelles » propose aux équipes du réseau de débattre sur l’ambition et les actions d’ampleur à développer pour contribuer à un plan de relance national pour la société française vers une transformation écologique, économique, sociale et solidaire.
Atelier 3 : ancrage territorial, évolution de l’économie locale agricole, forestière, touristique
Les réserves naturelles sont à part entière des projets de territoire. La gestion qui y est appliquée par les organismes gestionnaires contribue directement et indirectement à l’économie locale, à la mise en œuvre des politiques sectorielles territoriales, dont celles de l’emploi, du social, de la santé, de l’éducation. A ce titre, sur les 350 réserves naturelles en France, deux tiers abritent des activités agricoles, d’élevage et de pêche. Les gestionnaires sous convention avec des professionnels représentent 50 % des réserves naturelles. L’agriculture biologique est présente dans 1/4 des réserves naturelles, 36 % des réserves abritent des activités forestières (portrait socio-économique des réserves naturelles, 2017). Cette contribution aux territoires s’apprécie également au travers d’un tourisme saisonnier (vacanciers) présent dans 77% des réserves, la randonnée pédestre est constatée dans 82% des réserves, la pratique du VTT dans 66%, la randonnée équestre, le trail dans plus de 40% des 350 sites répartis en France métropolitaine et en Outre-mer (cahier technique « Portrait des sports de nature dans les réserves naturelles », 2020, en cours de publication). Enfin, près de 50% des réserves accueillent un public en situation de handicap et des chantiers de réinsertion. Près de 10 millions de visiteurs fréquentent chaque année les réserves naturelles.
Au-delà des retombées économiques directes et indirectes importantes apportées aux territoires dans lesquels se trouvent les réserves naturelles (nombreuses publications issues du projet RNF « Que vaut ma réserve naturelle et comment le faire savoir ? », 2015-2019), il n’existe pas encore d’estimation économique chiffrée à l’échelle du réseau des réserves. Cela pourrait représenter annuellement plusieurs dizaines de millions d’euros - le maintien et la création directe et indirecte de milliers d’emplois dans les secteurs du tourisme, de l’ingénierie, des secteurs agricoles et forestiers… - sans prendre en compte l’évaluation de la contribution aux politiques publiques sectorielles telles que l’éducation à la nature ou encore la santé ni même les services rendus par une gestion efficace de ces espaces protégés.
Cette contribution des réserves naturelles aux territoires fondée sur la connaissance, la protection et la valorisation du patrimoine naturel est majeure et mérite d’être beaucoup plus connue auprès des citoyens, des décideurs, localement et nationalement. Avec des moyens limités apportés essentiellement par les dotations publiques – d’un montant annuel de près de 47 millions d’euros – les réserves naturelles sont « acteurs » du développement des territoires dans le cadre d’une vision d’une société « écologique » qui anime le réseau des gestionnaires depuis près de 40 ans maintenant.
La situation actuelle de crise sanitaire mondiale et de ses incidences économiques et sociales ouvre des perspectives nouvelles pour les réserves naturelles de contribuer encore plus fortement pour accélérer la transition écologique des territoires. Dans le cadre de la Stratégie des Aires protégées 2030 et du plan d’urgence du gouvernement pour faire face à cette crise, le réseau a une carte importante à jouer en lien étroit avec les autres réseaux de gestionnaires d’espaces naturels. Les réserves naturelles sont autant d’accélérateurs de la transition pour l’économie locale, pour développer l’emploi en leur sein et dans les territoires concernés, pour accompagner les filières économiques (agriculture, agroforesterie, tourisme…) dans leur activité, pour être des lieux d’investissements pour la remise à niveau et le développement d’équipements et d’infrastructures d’accueil du public, d’accès aux sites à impact écologique très faible,… C’est une ambition forte que le réseau des réserves naturelles doit porter pour les territoires dans le respect des valeurs du réseau, et plus globalement pour la transformation du modèle de développement de la société française.